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L’urine humaine recyclée en fertilisant naturel

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13.09.2023
Urinoirs sans eau @Toopi Organics

La Foire de Libramont, les Solidarités ou encore les Solidays chez nos voisins français, tous ces événements ont un point commun : l'urine y était collectée pour... fertiliser nos champs ! Une démarche lancée par Toopi Organics, une start-up française spécialisée dans la valorisation de l’urine humaine en biostimulants agricoles. Si l’urine belge est déjà collectée, une usine de transformation devrait bientôt voir le jour sur le territoire belge, soutenu par la récente levée de fonds de la start-up.

L'urine humaine, le nouvel or jaune

16 millions d'euros, c'est le montant levé annoncé ce mardi 12 septembre par la start-up Toopi Organics pour accélérer son déploiement en France et en Belgique. Cette levée de fonds devrait permettre de renforcer son réseau de collecte, développer trois nouveaux produits urino-sourcés et construire deux nouvelles unités de production d’une capacité annuelle de 1000 m3 chacune, en France et en Belgique, .

Présent sur des événements et des festivals, dans les sanitaires d’écoles ou encore dans des villes comme Toulouse avec sa solution "uritrottoirs", Toopi Organics s'inscrit dans une démarche d'économie biosourcée et circulaire.

En valorisant l'urine humaine sous forme de biostimulants, la jeune start-up agit à deux niveaux : l'amélioration de notre gestion de l'eau et la réduction de la consommation d'engrais chimiques. 

Une meilleure gestion de l’eau potable

Chaque jour, plusieurs fois par jour, nous appuyons sur la chasse d'eau. Un geste simple, ancré dans nos habitudes, qui n'est pourtant pas si anodin. Uriner et tirer la chasse d'eau, c'est : 

  • Jeter entre 3 et 9 litres d'eau potable directement dans nos égouts (pour quelques centaines de millilitres d’urine !)
  • Contaminer le cycle de l'eau avec un déchet difficile à traiter en station d'épuration
  • Perdre des nutriments utiles pour l'agriculture : l'urine humaine est source intéressante en nutriments N, P et K

Le dispositif de collecte de Toopi Organics permet de collecter l’urine pure, sans dilution dans l’eau potable. Il propose donc une piste de solution aux 160 milliards de litres d’eau potable souillés chaque année en Belgique par 5 milliards de litres d’urine, selon les chiffres avancés par la start-up.

Un fertilisant biosourcé, disponible en quantité

Au-delà de l'amélioration de notre gestion de l'eau, le dispositif de Toopi Organics apporte également une solution à l'utilisation d'engrais de synthèse en agriculture. En effet, en 2021, le secteur agricole européen a consommé 10,9 millions de tonnes d’engrais minéraux à base d’azote (9,8 millions de tonnes) et de phosphore (1,1 million de tonnes).1

Or, l’importation représente 30 % de la consommation d’azote dans l’Union européenne. Pour le phosphate et le potassium, les valeurs grimpent à 68 % et 85 % respectivement.2 La dépendance de l’agriculture à l’importation et à l’exploitation de ressources épuisables pose ainsi question et fait aujourd’hui peser des menaces sur notre environnement. Avec Lactopistart, Toopi Organics propose le premier biostimulant issu de la fermentation de l'urine humaine. 

L’urine humaine est en effet une ressource renouvelable et disponible localement en grande quantité. Elle a surtout le mérite d’être naturellement riche en azote, en phosphore, en potassium (N, P, K) et en micronutriments, ce qui en fait un excellent milieu de culture pour des microorganismes biostimulants.3

De l’urinoir à nos champs

Plus qu’un dispositif, Toopi Organics développe une solution complète de collecte, de transformation et de valorisation de l’urine humaine en biostimulants agricoles. Toopi Organics propose premièrement l’installation d’une usine de valorisation de l’urine en s’appuyant sur des acteurs locaux : agriculteurs, collectivités territoriales, distributeurs d’engrais, coopératives agricoles et professionnels de l’assainissement.

La collecte se fait ensuite en milieu densément peuplé, à maximum 150 km de l’unité de transformation, à l’aide d’urinoirs masculins et féminins. L’urine collectée est transportée en cuves vers l’usine, où elle peut être transformée par un procédé reposant sur la fermentation :la consommation des nutriments présents naturellement dans l’urine permet le développement des bactéries fermentaires d’intérêt agricole. Les bioproduits sont enfin distribués en zones agricoles, contribuant à la bonne fertilisation de nos sols.

De la gestion de l'eau à la fertilisation naturelle de nos sols, Toopi Organics s'inscrit ainsi parfaitement dans une démarche d'économie circulaire et biosourcée, réplicable à plus grande échelle. En effet, la jeune start-up française devrait prochainement installer une première usine belge en région liégeoise. A suivre...