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[Objectifs de Développement Durable] Pourquoi les intégrer au sein de mon entreprise en période de crise ? - Partie 3

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17.05.2021

Dans notre 1er épisode consacré à la thématique, nous levions le voile sur les objectifs de développement durable, leurs enjeux et les efforts nationaux pour les atteindre[1]. Dans le 2e épisode, nous incitions le lecteur à mieux considérer les ODD au sein de son entreprise en lui fournissant des outils concrets. Dans ce 3e épisode, nous abordons les ODD sous un angle différent : celui du prisme économique.

Quel est l’intérêt pour mon entreprise, en particulier en période de crise, d’intégrer ces ODD ? Pourquoi engranger un potentiel surcoût pour le développement durable ? N’est-ce pas un coût supérieur par rapport à ce que cela rapporte ? Explications.

Propos recueillis lors du webinaire organisé par l’UWE le 11 juin 2020 : « 90 Minutes pour les SDG’s | Objectifs de Développement Durable : je les (re)découvre et les intègre dans mon entreprise ! ». Article construit sur base de l’intervention de Gaëlle JANSSENS, Members Relations Manager à The Shift[2].

A redécouvrir : [Objectifs de Développement Durable] Quel contexte et quels enjeux pour demain ? - Partie 1 ; Quels outils pour les atteindre au sein de mon entreprise ? - Partie 2 – ValBioMag, 03.03.2021 

Quel est l’intérêt pour mon entreprise ?

Les ODD ne sont pas que de la philanthropie.

Premièrement, ils représentent un atout d’un point de vue purement B2C, mais également en matière d’augmentation de la résilience de votre entreprise... Et la crise sanitaire nous rappelle l’importance de répondre à ces enjeux de développement durable.

Selon The Shift, « on dit de plus en plus que le business as usual est mort » et que « les entreprises, en particulier, ont les clés pour changer les choses. Elles le feront, motivées par les risques, les opportunités et les accès aux ressources ».

Or, premier fait marquant, en janvier 2020, The World Economic Forum rapporte que les risques environnementaux et sociaux deviennent plus importants que le risque économique. Un exemple rapporté par l’oratrice est celui d'une entreprise qui a dû faire face à de fortes répercussions économiques liées à une diminution drastique du rendement de sa production suite à un manquement au niveau de sa matière première. Pour cause ? Cette dernière, fournie par voie fluviale, ne lui parvenait plus car le niveau du Rhin était exceptionnellement bas.

Une autre précision apportée par Gaëlle Janssens : « […] les investisseurs changent de politique. […] La Banque européenne d’investissement ne va plus financer de projet fossile à partir de 2022. Une fois de plus, il s'agit d'un message pour les industries pétrosourcées et les autres investisseurs du risque à investir dans la ressource fossile ».

Enfin, la Figure 7 (ci-dessous) le démontre, les entreprises qui intègrent le développement durable dans leur stratégie deviennent de plus en plus rentables par rapport aux autres entreprises. Elles adoptent une vision long terme et intègrent leurs parties prenantes (pas uniquement leurs actionnaires) dans la prise de décision.

Figure 7 : les investissements deviennent plus durables. Source : The Shift.

Le second fait marquant est le suivant : « une entreprise qui ne s’engage/n'intégre pas dans ses missions des aspects sociaux et environnementaux risque de ne plus avoir de jeunes de qualité en son sein, et ce, malgré un salaire attractif ».

D’autres exemples illustrent l'importance des aspects sociaux et environnementaux pour les entreprises. Si une entreprise n’en tient pas compte, elle encourt plusieurs risques, et pas seulement économiques...

D’après The Shift :

  • Un risque « légal » à ne pas s’intéresser au développement durable. Il s’agit de considérer l’évolution des législations en matière d’environnement et les anticiper. Si le pays est à la traine, il risque d’être dépassé. Par exemples : (1) Aux Pays-Bas, les citoyens ont gagné un procès face à l’Etat car il ne se serait pas suffisamment engagé pour le climat ; (2) New-York a attaqué les pétroliers pour leur responsabilité dans le changement climatique et les catastrophes naturelles.
  • Un risque de réputation. Par exemple, l'affaire Volkswagen, appelée « Dieselgate » ; scandale industriel et sanitaire lié à l'utilisation par le groupe, de 2009 à 2015, de différentes techniques visant à réduire frauduleusement les émissions polluantes de certains de ses moteurs diesel et essence lors des tests d'homologation.
  • Un risque de rater une opportunité financière. Gaëlle Janssens rapporte que, selon le World Business Council, il y a 18 milles milliards d’opportunités si on investit dans des business liés au développement durable. 

Les challenges les plus importants sont les déchets plastiques, la mobilité urbaine (qui a subi une grande accélération avec la crise sanitaire), le bien-être des employés (ubérisation du travail[3], burn-out, robotisation).

ODD, résilience et COVID. Et si on en parlait ?

Quand on parle d’un monde d'après Covid, on parle d’un monde qui ne sera jamais plus comme avant. D’une part, on s’inquiète pour la planète car l’humain souhaite « rattraper le retard et les pertes économiques liés à la crise ». Mais, parallèlement, cette crise pourrait constituer un moteur pour aller de l’avant au plus vite.

Comme l’explique Gaëlle Janssens : on s'attend à un mélange de réactions : certaines entreprises, faute de moyen, vont diminuer leurs investissements dans leurs projets de réduction de CO2 alors que d'autres vont investir dans un fonctionnement plus durable.

Que conclure ?

Les organisations qui avaient déjà intégré les ODD dans leur stratégie vivent-elles mieux cette période exceptionnelle liée à la crise sanitaire ? Seul le recul nous permettra d'en parler dans une future analyse.

Cette crise n’est-elle pas aussi une opportunité d’appliquer les ODD en cette période particulière ? Oui, bien sûr. Au quotidien, The Shift constate d'ailleurs que de nombreux exemples montrent que des entreprises continuent ou entament des démarches en ce sens.

Certes les ODD concernent le milieu économique, mais ils concernent également le milieu familial. Finalement, la crise sanitaire n'est-t-elle pas réellement un élément déclencheur pour chacun d'entre nous ? Elle nous questionne tantôt sur notre manière de nous alimenter, de consommer, tantôt sur notre rapport à la vie et à la santé.

Malheureusement, cette crise accentue aussi certaines inégalités... Rappelons-nous le lien fait avec la bioéconomie : oui, il est utile d’intégrer des matériaux, matières et énergies plus durables. Mais cela doit se faire de concert avec le principe de sobriété.

Enfin, pour conclure, citons le bel exemple de la Société Wallonne du Logement qui, le 2 mars 2021, dans le cadre de l’examen d’une proposition de décret visant à favoriser l’usage de matériaux de construction biosourcés, expliquait comment le secteur du logement public wallon pouvait tenir un rôle exemplaire dans le développement de l’éco-construction, une filière émergente, vertueuse et porteuse d’avenir. Leur proposition est d’adopter une marche raisonnée, progressive mais assurée vers une généralisation de l’utilisation des matériaux biobasés par les architectes, les entreprises de constructions et les sociétés de logement de service public.

N’est-ce pas là un signe positif que nous allons dans le bon sens ? Nous l’espérons. Au sein de ValBiom, nous y travaillons chaque jour et vous proposons une dernière vidéo à considérer, réalisée par la Fédération des Entreprises de Belgique.

A lire également :

[1] Les ODD (SDG pour Sustainable Development Goals, en anglais) ont été adoptés par l'Assemblée générale de l'ONU et abordés lors des dernières Rencontres de la Biomasse de ValBiom, en octobre 2020.

[2] The Shift est le point de rencontre du développement durable en Belgique. Les membres et partenaires de cette plateforme souhaitent opérer la transition vers une société et une économie plus durables.

[3] Tous domaines d’activité confondus, l’ubérisation désigne un processus par lequel un modèle économique basé sur les technologies digitales entre en concurrence frontale avec les usages de l’économie classique.