
En décembre 2024, Fedustria et Valbiom, animés par une volonté commune de valoriser les ressources locales, ont lancé une enquête auprès des entreprises belges du secteur textile et de l’ameublement. L’objectif ? Mesurer leur intérêt pour l’utilisation de laine d’origine locale dans leurs processus de production. L’initiative a rencontré un bel écho, et nous sommes heureux de vous en présenter aujourd’hui les résultats.
Quelles fibres dans l’industrie du textile et de l’ameublement en Wallonie ?
Il était tout d’abord important qu’on ait une idée des fibres utilisées à ce jour par les entreprises. Comme repris dans le graphique ci-dessous, si près de 2/3 des entreprises utilisent de la laine, seule 1/5 utilise de la laine belge. Pourtant, 82% des répondants pensent qu’utiliser de la laine belge pourraient renforcer leurs démarches en termes de durabilité.

Usage et caractéristiques indispensables pour les industries


Les principaux points d’attention sont liés aux caractéristiques intrinsèques de la laine : sa couleur, sa finesse, son gonflant et sa longueur. Si le tri des couleurs peut être approchée de façon empirique par les éleveurs, les deux autres caractéristiques nécessitent des prises de mesures précises. Ces analyses ont lieu majoritairement lors de la tonte et constituent (comme on le voit via cette enquête) des conditions sine qua non pour la transformation industrielle. Malheureusement, les éleveurs sont peu au fait de ces besoins et ne procèdent jamais à ce type d’analyse. C’est pourquoi nous avons déposé un projet Interreg – MatchingWool – qui a pour but de mesurer de très nombreux échantillons de laine et de les compiler dans des bases de données afin d’avoir une idée bien plus précise de la qualité de la laine produite et de son utilisation optimale. Ce projet n'a malheureusement pas été accepté, cependant, nous poursuivons nos efforts dans ce sens.
D’autres points d’attention sont liés à la transformation de la laine : sa propreté, la résistance du fil et sa régularité. La propreté est principalement liée aux conditions d’élevage et de tonte : un mouton tondu à l’entrée en bergerie, sur un sol propre et sec produira de la laine avec un minimum de débris végétaux. La régularité du fil est liée à la tonte (éviter les fausses-coupes), au tri (catégoriser les parties de toisons de même longueur) et évidemment au filage. La résistance du fil est liée à la longueur des fibres et aux paramètres de filage (laine peignée ou non, condition de retors…).
En bref, tous ces critères indispensables à la transformation du fils sont intrinsèquement liés à chaque maillon de la chaine de transformation de la laine, allant du choix de la race aux paramètres industriels en passant par les conditions d’élevage, de tonte et le soin apporté au tri des toisons.
Mesures à mettre en place pour faciliter l’usage de laine belge
Sans surprise, le critère principal est le prix. Le second critère est lié à la facilité d’obtention : nos négociants en laine ayant petit à petit disparu, il est aujourd’hui difficile de trouver un interlocuteur pour identifier les fournisseurs de laine de qualité. Les répondants demandent aussi des listes de producteurs de laine et d’entreprises de transformation. Enfin, les derniers points portent sur des aides financières que ce soit pour des aides à l’emploi pour du travail saisonnier ou des aides comme la réduction de la TVA sur les produits écoresponsables, naturels, respectueux du bien-être animal, circulaires et conçut par des entreprises indépendantes pour pouvoir être plus concurrentiel face aux produits importés de l'étranger.

Conclusion
Cette enquête met en lumière un réel intérêt des entreprises textiles et d’ameublement pour la laine d’origine belge, tant pour ses qualités intrinsèques que pour son potentiel en matière de durabilité. Toutefois, plusieurs freins persistent : manque de structuration de la filière, difficulté d’accès à une matière première de qualité, et prix encore peu compétitif face aux produits importés. Pour y répondre, des actions concrètes sont nécessaires à chaque maillon de la chaîne, depuis l’élevage jusqu’à la transformation. La mise en place d’outils de mesure de la qualité, de réseaux de producteurs et transformateurs, ainsi que d’aides financières ciblées, pourrait favoriser l’émergence d’une véritable filière laine en Wallonie. L’enjeu est double : valoriser une ressource locale aujourd’hui sous-exploitée, tout en renforçant la durabilité et la résilience de nos industries.