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La biométhanisation en Normandie : un modèle réplicable en Wallonie ?

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25.04.2024
Biométhanisation @shutterstock

La Normandie, connue entre autres pour son lin, son élevage bovin et ses vastes étendues agricoles, se distingue également par son avancée dans le domaine de la biométhanisation. Selon un rapport récent de Métha’Normandie, la région enregistre une croissance significative de cette filière ces dernières années. Quels sont les facteurs qui rendent la Normandie particulièrement propice à la biométhanisation ? Et la Wallonie dans tout ça, est-ce réplicable ?

Des conditions territoriales favorables

Si la biométhanisation se porte si bien en Normandie, c’est notamment parce qu’elle bénéficie d'un contexte territorial propice, avec une prédominance notable des activités agricoles et agroalimentaires.

Selon les données de Métha’Normandie, 81 % des intrants utilisés en biométhanisation proviennent du secteur agricole. A côté, l’industrie agroalimentaire contribue à hauteur de 18 % et les collectives à hauteur d’1 % seulement. Cette répartition témoigne de l'importance des déchets organiques générés par l'agriculture comme matière première pour la biométhanisation dans la région.

En termes d’intrants, l’élevage domine largement. Très présent dans la région, il génère de nombreux sous-produits, tels que le fumier et les lisiers, qui représentent pas moins de 65 % des intrants utilisés dans les unités de biométhanisation. Outre l’élevage, le territoire présente également de nombreuses terres de cultures. Les cultures intermédiaires à vocation énergétiques (CIVEs) contribuent ainsi à hauteur de 13 % des intrants, contre 7,3 % pour le maïs.

Les micro-unités, les unités et à ferme et les collectifs agricoles sont ainsi principalement alimentés par les intrants en provenance de l’élevage. Seules les unités territoriales échappent à cette règle, en fonctionnant principalement sur des intrants issus de l’industrie agro-alimentaire. 

Un soutien politique et économique

Le développement de la biométhanisation en Normandie s’explique également par les politiques en vigueur sur le territoire. La région bénéficie en effet d'un soutien politique et économique important pour le développement des énergies renouvelables, en ce compris la biométhanisation.

Les autorités régionales ont mis en place différentes incitations financières, des subventions et des programmes de soutien, visant à encourager les investissements dans cette technologie verte. Ces subventions peuvent représenter jusqu'à 15 % de l'investissement total requis pour un projet de biométhanisation en Normandie, et sont considérées comme des fonds propres.

Cette vision proactive en faveur des énergies renouvelables a créé un environnement favorable à l'innovation et à l'investissement dans le secteur de la biométhanisation sur le territoire normand.

Quelle comparaison avec la Wallonie ?

Si le développement de la biométhanisation en Normandie peut être une source d’inspiration, il est important de tenir compte des spécificités de chaque territoire.

En Wallonie, différents éléments impactent le développement de la filière. La configuration agricole et industrielle wallonne diffère de celle de la Normandie, ce qui influe par exemple sur la disponibilité et la gestion des matières premières disponibles pour la biométhanisation.

En Normandie, les exploitations agricoles ont tendance à être plus vastes en moyenne qu'en Wallonie, en raison des particularités géographiques et des politiques agricoles en vigueur. La Normandie bénéficie également d'une tradition importante dans l'élevage laitier, notamment avec les vaches de race normande. Par ailleurs, les politiques et réglementations relatives aux énergies renouvelables varient entre les deux régions [Normandie (France) et la Wallonie (Belgique)], avec une forte influence sur le rythme de développement de la biométhanisation.

La Normandie bénéficie ainsi de conditions agricoles et territoriales favorables, en plus d'un solide soutien politique et économique en faveur des énergies renouvelables. Ces éléments lui ont permis de passer de 47 unités de biométhanisation fin 2022 à 195 unités en fonctionnement au 31 décembre 2023.

Vers le rapport complet de Métha’Normandie : « Chiffres clés 2023 : État des lieux de la biométhanisation en Normandie »

Vers le Panorama de la Biométhanisation en Wallonie (chiffres 2022) : « Panorama de la Biométhanisation en Wallonie - Edition 2023 »