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La filière laine en Belgique : le potentiel de nos prairies

Dossier
28.04.2023

La laine est le produit inéluctable de l’élevage ovin : tant qu’il y aura des élevages de moutons, de la laine sera produite. Du tricot aux vêtements, la laine possède de nombreuses fonctions et, par conséquent, de nombreuses vertus. Mais qu’en est-il du potentiel de cette filière en Wallonie ?

La laine, toute une histoire !

Pendant des siècles, les moutons étaient principalement élevés pour leur laine. Jusqu’au début du XIXème siècle, elle était utilisée par l’industrie drapière flamande mais était surtout transformée à l’échelle familiale pour en faire des couettes, des matelas ou des vêtements. L’industrie textile de Verviers était déjà à l’époque orientée vers l’utilisation de laines importées d’Amérique du Sud.

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’avènement des laines patagoniennes, puis australiennes et néo-zélandaises, l’augmentation de la production de coton et l’invention du polyester et d’autres textiles pétrosourcés ont signé la fin de l’utilisation de la laine locale à l’échelle familiale. Comme la viande ovine était assez peu consommée, l’élevage ovin a progressivement diminué. Mais la donne change… Il y a désormais un accroissement du nombre de moutons en Wallonie !

A chaque mouton, ses avantages

L’élevage de moutons nécessitant moins de matériel, celui-ci est plus accessible que d’autres animaux pour les éleveurs non-professionnels, les jeunes éleveurs et les femmes. Les moutons sont complémentaires à d’autres productions agricoles comme les bovins ou les chevaux et peuvent aussi valoriser les intercultures, les vergers, les champs de panneaux photovoltaïques… ou remplacer les tondeuses dans le fond des (grands) jardins !

Le résultat est frappant : en 6 ans, le nombre de moutons wallons a bondi de 30% pour frôler les 100.000 individus en 2021. La moitié de ces éleveurs sont hobbyistes et la grande partie des moutons est détenue dans les élevages bovins ou en agriculture biologique. Mais l’auto-approvisionnement est toujours très faible : on importe encore 87% de la viande et 90% du lait consommé en Wallonie !

Les moutons sont élevés pour 3 raisons principales : la production de viande, de lait ou la gestion des espaces naturels. Les races élevées le sont évidemment fonction de la filière envisagée. Elles sont plus ou moins rustiques, maternelles, viandeuses, capables de se reproduire toute l’année… Une caractéristique les rassemble : à l’heure actuelle, on ne les sélectionne pas pour la qualité de leur laine. Pourtant, les moutons doivent être tondus chaque année. En général, un mouton produit environ 2 kg de laine en suint annuellement, ce qui représente un gisement potentiel d’au moins 200 tonnes pour l’année 2021 en Wallonie.

Quel avenir pour la laine wallonne ?

La qualité de cette laine ne permet pas de prétendre à des marchés de valorisation offrant une plus-value importante : l’absence de sélection des animaux pour la qualité de leur toison, la faible homogénéité des toisons au sein même de l’élevage ont entrainé les éleveurs (et négociants) dans le cercle vicieux de la diminution du prix faisant suite à la diminution de la qualité entrainant une diminution du tri et donc de la qualité… A ce stade, le problème est simple (mais pas inéluctable !) : il n’y a plus beaucoup de valorisation ni d’exportation de laine locale. Alors les éleveurs stockent…

L’opportunité est donc double : dans un premier temps, des voies d’utilisation doivent se relocaliser afin de valoriser cette matière première de qualité moyenne, dont les quantités sont en pleine croissance.

Ensuite, une réflexion de fond visant à repositionner la production de laine comme autre perspective de valorisation du mouton (en plus de la viande, du lait et des primes) permettrait de créer une plus-value économique à la fois pour l’éleveur mais aussi pour toute une chaine de production et de transformation adaptée précisément à la qualité de l’élevage wallon.

Alors, qu’est-ce qu’on attend ?

Cet article est est le premier d'un dossier portant sur la filière laine en Wallonie. De nouveaux articles paraitront durant les prochaines semaines avec, notamment, les valorisations existantes et les voies de valorisation potentielles.

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