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Quel chanvre aujourd’hui en Wallonie ? Et demain ?

Analyse
29.06.2022

© CER Group3

La culture de chanvre progresse partout dans le monde. Et en Wallonie ? Aujourd'hui, quelles sont les possibilités pour les producteurs de chanvre ? Faisons le point sur plusieurs projets parallèles qui participent à la mise en place d'une filière stable.

Le chanvre "graine" ou "chènevis" 

Le chanvre cultivé et commercialisé en Wallonie aujourd’hui l’est principalement pour sa graine. Une moissonneuse-batteuse récolte les graines, qui doivent être séchées endéans les six heures. Ce sont généralement les installations de M. Eilenbecker au Luxembourg, qui sèchent, décortiquent et pressent les graines jusqu’à l’obtention d’une huile, riche en oméga-3 et oméga-6. Les producteurs belges commercialisent soit des graines décortiquées, soit de l’huile, généralement en circuit court. Sans unité de défibrage, les pailles issues de cette culture posaient problème : elles ne pouvaient être transformées et ceci grevait la rentabilité de la culture. Aujourd’hui, deux solutions s’offrent aux producteurs : le hache-paille de Michel Mordant et Thierry Joie et le défibrage de Hemp-in-a-Box. La première solution hache les pailles entières et commercialise le produit obtenu pour du paillage ou des litières. La seconde défibre grossièrement et sépare les fibres de la chènevotte utilisées au sein d’un mélange projeté en éco-construction (isolation de parois).

Le chanvre textile "fibres longues"
ValBiom mène des essais de chanvre textile « fibres longues » avec l’entreprise de teillage Marchandisse et Fils. Le principe ? Couper un chanvre très dense, à floraison, en obtenant des brins parallèles d’une longueur de 90 cm, qui passent sur une teilleuse à lin. Le projet en est encore au stade de recherche, avec néanmoins 4 hectares semés en Wallonie en 2022. De nombreux points sont en cours d’amélioration : la mécanisation de la récolte est en bonne voie, mais les étapes au teillage nécessitent encore un gros travail de réglage pour obtenir des vitesses et des qualités compétitives. Le coût de la mécanisation pose encore question et toutes les étapes de la culture et de la transformation sont encore à valider. Etant donné la complexité de cette culture, elle sera testée prioritairement chez des liniculteurs déjà équipés en matériel de récolte. Les produits du teillage sont la fibre longue, l’étoupe de chanvre et la chènevotte. Les marchés pour ces matières existent, notamment chez Isohemp, fabricant de blocs de construction en béton de chanvre, gros consommateurs de chènevotte. Une fois les contraintes précitées levées, cette culture pourrait donc progresser rapidement. 

Une nouvelle unité de défibrage ?

Y aurait-il un avenir pour une nouvelle unité de défibrage en Belgique ? Cette installation produirait de la fibre courte de chanvre et de la chènevotte. Or, ces deux marchés sont en constante progression. La fibre courte est demandée notamment pour des produits à usage unique et en textile. La chènevotte est principalement utilisée en éco-construction. La demande, les prix et la diversité des qualités demandées en fibre courte ont évolué à la hausse ces dernières années. Se lancer dans la création d’une unité de défibrage est cependant un défi de taille, vu l’ampleur de l’investissement. Il convient de bien réfléchir au préalable aux qualités visées et aux surfaces à cultiver. Un grand professionnalisme est indispensable à chaque étape, afin de pouvoir créer une filière stable.

Quid du CBD ?

Tanguy du Monceau, via sa ferme CANBE, s’est lancé dans la culture de chanvre pour le CBD en Wallonie. La rentabilité de cette démarche reste à démontrer, vu les contraintes de variétés et les taux de CBD.  Il manque également des installations de séchage de taille industrielle pour les sommités ou les fleurs de chanvre. A ce jour, l’extraction de CBD n’est pas possible en Belgique, en dehors de la recherche, et doit se faire à l’étranger, où cette opération est autorisée, comme par exemple en Allemagne. ValBiom va greffer à ses essais variétaux de 2022 une étude sur la faisabilité technico-économique de l’extraction du CBD et d’autres molécules d’intérêt issus des sommités du chanvre textile ‘fibres longues’.

Le chanvre, demain dans des fibres artificielles  ?
Il existe des projets pilotes pour transformer des pailles de chanvre en fibres artificielles, à l’instar de la viscose. Parmi les recherches en cours, le Lyohemp utilise des fibres de chanvre rouies. La jeune société RBX Créations monte actuellement un projet pilote sous sa marque Iroony, où des fibres rouies ainsi que des pailles défibrées pourraient être utilisées. RBX ne se cantonne pas uniquement au chanvre. Le fait de pouvoir utiliser les pailles non défibrées et non rouies est très intéressant pour la création de nouveaux débouchés. Ces projets sont à suivre.

ValBiom accompagne vos initiatives liées au chanvre
Vous hésitez à vous lancer dans la culture ou la transformation du chanvre ? Que vous soyez producteur ou entrepreneur, n’hésitez pas à prendre contact avec ValBiom. Nous vous apporterons des conseils sur la législation, les techniques culturales, les marchés porteurs et nous vous mettrons en contact avec des acteurs clés du secteur.

 

Personnes de contact:

  • Valentine Donck – v.donck@valbiom.be : questions concernant le chanvre textile et le développement de la filière
  • Flora Mer – f.mer@valbiom.be : questions sur la législation et l’extraction
  • Geoffrey Floymont – g.floymont@valbiom.be : questions sur les itinéraires culturaux et la mécanisation