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Valorisation des déchets organiques : et si on allait plus loin ?

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22.09.2025
William Donck, Chef de projet Produits biosourcés
Biodéchets - Restes alimentaires

En Belgique, trier les déchets organiques est devenu un geste bien ancré. Depuis des années, restes alimentaires, épluchures et autres matières organiques sont collectés séparément des PMC, cartons et autres flux. Et cela ne se limite pas aux ménages : supermarchés et cantines doivent également se débarrasser quotidiennement de grandes quantités d’aliments impropres à la consommation.

Que deviennent réellement ces déchets ? Et surtout, les valorise-t-on à leur plein potentiel ?

De l’énergie issue de nos assiettes

Aujourd’hui, la voie la plus courante consiste à convertir les déchets alimentaires en énergie.

Acheminés par camions vers une unité de biométhanisation, les déchets organiques y sont broyés puis placés dans des cuves hermétiques, où ils se décomposent en absence d’air et de lumière.

Ce procédé génère deux produits :

  • Du digestat, la fraction solide, transformée en compost et utilisée notamment en agriculture, dont la qualité fait l’objet d’un suivi rigoureux pour garantir un amendement sûr et bénéfique pour les sols ;
  • Du biogaz, valorisé en électricité injectée sur le réseau.

Une solution efficace… mais qui ne dit peut-être pas tout du potentiel de nos biodéchets.

Des molécules intéressantes pour l’industrie de demain

Le projet européen Waste2Func a ouvert une nouvelle voie : à partir de coproduits agricoles et grâce à un procédé de fermentation, il est possible de produire deux familles de molécules à haute valeur ajoutée :

  • De l’acide lactique, qui servira de brique de base à la fabrication de PLA, un plastique biosourcé ;
  • Des biosurfactants, également appelés tensioactifs, c’est-à-dire des molécules capables de réduire la tension de surface entre deux liquides ou entre un liquide et une surface solide. Cette propriété leur permet, par exemple, de favoriser le mélange entre l’eau et l’huile et d’entrer dans la composition de produits détergents ou cosmétiques.

Pour cette seconde famille de molécules, une collaboration est d’ailleurs en cours avec Ecover, ce qui permettra bientôt de retrouver des produits ménagers intégrant ces ingrédients durables issus… de nos restes alimentaires.

Le projet Waste2Func a ainsi pleinement atteint son objectif : démontrer qu’une bioraffinerie peut, de manière durable et économiquement viable, transformer des déchets alimentaires en molécules fonctionnelles. Celles-ci peuvent ensuite servir de briques de base pour les bioplastiques ou encore d’ingrédients pour les cosmétiques, les détergents biologiques et de nombreuses autres applications.

Un potentiel encore à explorer                                             

Les perspectives ne s’arrêtent pas là. La sélection de souches spécifiques de micro-organismes permet, par exemple, de produire d’autres familles de molécules valorisables dans divers secteurs.

Et rien n’est perdu : les résidus de fermentation peuvent encore être valorisés, notamment à travers la biométhanisation pour extraire leur potentiel énergétique restant.

Un bel exemple de valorisation circulaire et de recours aux ressources renouvelables, contribuant à bâtir une industrie plus durable.

Pour plus d’infos : https://www.waste2func.eu/en/project/