
Les 5, 6 et 7 septembre, le Réseau des Agriculteurs en Agro-écologie pour la Culture de Chanvre (RAWAC) a coordonné la récolte de 30 hectares de chanvre graine en Wallonie. Pour l’occasion, une moissonneuse spécialisée – le Combiner de Krumm – a été acheminée d’Allemagne grâce à un financement lié aux Groupements d’Agriculteurs en Agro-écologie (GAA), afin de mutualiser l’outil et faciliter la récolte.
Sept agriculteurs, répartis de Battice à Tournai, ont pu bénéficier de ce dispositif. Valbiom a organisé le chantier, tandis que Farm For Good a pris en charge la logistique une fois la machine sur place. Résultat : une opération parfaitement menée et des récoltes à priori excellentes.
Pourquoi s’intéresser au chanvre graine ?
La culture de chanvre présente plusieurs atouts agronomiques. On peut notamment citer :
- Peu exigeante en intrants : elle ne nécessite aucun produit de protection des plantes.
- Diversification des rotations : elle limite les maladies et casse les cycles des adventices.
- Amélioration des sols : elle étouffe les adventices et favorise une meilleure structure du sol.
Il est cependant nécessaire de disposer d’un sol avec une excellente structure au départ. Une levée rapide est souvent un indicateur clé de la réussite de la culture de chanvre.
Côté valorisation, la graine de chanvre est riche en protéines, oméga-3 et oméga-6. La paille du chanvre graine peut quant à elle être utilisée, entre autres, en écoconstruction.
Le chanvre graine en Wallonie : où en est-on aujourd’hui ?
En 2025, on comptait plus de 40 hectares de chanvre graine en Wallonie, chez 11 agriculteurs.
Cannavie, un fervent défenseur du chanvre depuis des années, rachète la récolte d’une dizaine d’hectares. De nouveaux acteurs sont accompagnés grâce au RAWAC : Colruyt Group qui a mis une parcelle test de 2 hectares dans le Hainaut et Farm for Good qui comptabilise à lui seul 30 hectares.
Côté récolte, la hauteur du chanvre détermine le matériel nécessaire : là où le chanvre ne montait pas trop haut (moins d’1m60) certaines moissonneuses classiques ont pu être utilisées. Dans le cas où le chanvre était plus développé et si l’agriculteur voulait valoriser les pailles, le Combiner de Krumm était une solution bien plus adaptée.
Le Combiner a ainsi récolté les 30 hectares qui s’étendaient de Battice à Tournai en trois jours, sous une météo parfaitement clémente. La plupart des graines ont pu être séchées dans les temps.
Les rendements nets en graine ne sont pas encore connus, mais ils semblent quasi tous dépasser la tonne par hectare, un résultat très encourageant.
Les freins : pourquoi n’y a-t-il pas plus de chanvre graine en Belgique ?
L’expansion de la culture de chanvre graine nécessite plusieurs conditions, illustrées dans le schéma ci-dessous.

Les agriculteurs doivent retirer un revenu suffisant de la culture. En agriculture biologique, la vente seule des graines peut suffire, en conventionnel, il faut vendre également les pailles pour obtenir un bénéfice. Des primes existent.
La récolte nécessite des machines spécifiques et des entrepreneurs agricoles expérimentés. Dans le cas de chanvre court, certaines machines classiques peuvent suffire, à condition d’avoir une bonne maîtrise technique.
Les graines doivent être séchées dans les heures qui suivent la récolte, dans des séchoirs adaptés. Les séchoirs à vis ne conviennent pas. La Wallonie compte peu de séchoirs appropriés. Les graines doivent ensuite être triées, et selon leur destination, éventuellement décortiquées. Actuellement, la Belgique n’a pas de décortiqueur. Pour valoriser les pailles, un passage en unité de défibrage est indispensable. La Belgique ne compte aujourd’hui qu’une seule unité, mais de nouvelles unités sont en projet dans un rayon proche de la Wallonie (France, Flandre).
Les débouchés restent limités sur le territoire belge, mais des grossistes, tant en Belgique qu’’à l’étranger, sont preneurs dès lors que des volumes d’un camion minimum sont garantis.
Quels sont les prix de vente des graines et des pailles ?
La tonne de chènevis (ou graine de chanvre) se vend aux environs de 1 200 euros en conventionnel et 1 800 euros en bio.
Les pailles, qui doivent avoir été rouies trois semaines minimum, se vendent autour de 150 euros la tonne. On compte environ 4 à 5 tonnes de paille par hectare. Les pailles devant être ramassées entre fin septembre et mi-octobre en moyenne, il arrive qu’il fasse trop humide pour rentrer celles-ci à temps. Les pailles ne sont alors plus valorisables.
Bien se lancer dans le chanvre : les outils et conseils de Valbiom aux agriculteurs
Pour accompagner les porteurs de projet, Valbiom a rédigé, en partenariat avec Greenotec, un guide technique de la culture du chanvre. Ce guide a été rédigé dans le cadre de la convention BioMaSER et l’impression papier a été financée par le RAWAC.
Le guide technique est disponible :
- En version numérique : https://www.valbiom.be/outils/la-culture-de-chanvre-cannabis-sativa-le-guide ;
- En version papier, sur demande ou sur les évènements Valbiom.
Pour toute question liée à la culture de chanvre ou à ses débouchés, Valbiom reste disponible via le formulaire de contact ou au 081 84 58 87.